0’00 |
Noir |
pour Michel Delahaye [vert] [aux Cahiers dans les années 60] / pour Jean Domarchi [bleu] [aux Cahiers dans les années 50-60] / |
||
0’10 |
Noir |
[Une voix de femme dit Psaume sur une voix, Paul Valéry, Autres Rhumbs, 1927 : ] à demi-voix |
gaumont peripheria présentent |
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0’13 |
Noir / Photographie de Camille Claudel |
d’une voix douce et faible disant de grandes choses d’importantes, d’étonnantes de profondes et justes choses |
toutes toutes toutes [gris] [en blanc en surimpression :] les histoires |
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0’25 |
Photographie de Lou Andreas-Salomé |
d’une voix douce et faible |
Abii ne viderem pour orchestre à cordes et alto Kancheli, 1992-1994 [Abii… : « je m’éloigne ou je me retourne pour ne pas voir ») |
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0’31 |
Noir |
la menace du tonnerre la présence d’absolus dans une voix de rouge-gorge dans le détail fin d’une flûte et la délicatesse |
silence |
une histoire seule [blanc] seule [rouge, surimpression, décalé] |
0’37 |
Photographie de Simone Weil |
du son pur |
Id. 1. silence (sur pur) et reprise musique id. |
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0’43 |
Noir |
tout le soleil suggéré au moyen d’un demi sourire ô demi-voix |
silence |
seul le cinéma [blanc] / seul seul [jaune,surimpression] |
0’47 |
Photographie de Hannah Arendt |
et d’une sorte de murmure |
Kancheli id. [très bref] |
|
0’54 |
Noir |
en français infiniment pur |
silence |
fatale fatale fatale [bleu] / beauté beauté [blanc et surimpression] |
0’56 |
Première photographie deVirginia Woolf (jeune) / noir |
[Une autre voix :] qui n’eût saisit les mots qui l’eût ouï à quelque distance aurait cru qu’il disait des riens et c’étaient des riens pour l’oreille [retour à la voix plus grave :] rassurée |
Kancheli [très bref] id.. puis silence |
la réponse des ténebres [vert] / [en surimpression, clignotement :] la monnaie de l’absolu [blanc] |
1’12 |
Seconde photographie deVirginia Woolf (plus vieille) / noir |
mais ce contraste et cette musique cette voix ridant l’air à peine cette puissance chuchotée ces perspectives, |
Id. |
une vague nouvelle [gris] / [en surimpression clignotement :]] montage mon beau souci [blanc] |
1’26 |
Photographie d’Anne-Marie Miéville / noir |
ces découvertes, ces abîmes et ces manœuvres devinées ce sourire |
Id. |
le contrôle de l’univers [gris] / [en surimpression, et jaune :] l’univers [clignotement] |
1’35 |
Photographie de Colette / noir |
congédiant l’univers je songe aussi pour finir au bruit de soie seul et discret d’un feu qui se consume |
Id. |
les signes parmi nous [gris, clignotement] / [en surimpression, rouge :] les signes |
1’47 |
Sarah Bernardt / noir |
en créant toute la chambre et qui se parle ou qui me parle presque pour soi |
Id. |
histoire du (s) cinéma [superposés] |
2’02 |
Un homme brandit une croix (Faust, Murnau, 1926) clignotement avec photographie des jambes de Marlène Dietrich / noir |
Id. |
toi toi |
|
2’09 |
Un vieillard rampe (L’Ange exterminateur, Buñuel, 1962), vers une femme, le clignotement le rapproche de Hedy Lamarr dans l’eau (Extase, Machaty, 1933) / noir |
silence |
toi histoire |
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2’17 |
Clignotement : nuque et chevelure de femme, (noir et blanc) et squelette dans la poussière / noir |
Kancheli id. |
cinéma histoire (s) |
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2’25 |
Un homme approche son visage pour embrasser une femme, Heimkehr/Le Chant du prisonnier, Joe May (1928) en surimpression et clignotement : au centre une image de film pornographique (pénétration) des années 20-30 / noir |
Kancheli id. |
||
2’36 |
Un homme déshabille une femme de force dans un ancien film pornographique (= 1a, 37’59) en surimpression et clignotement avec la montée de l’escalier du clocher dans Vertigo (Hitchcock, 1963) |
silence |
||
2’04 |
Noir |
musique autre mouvement, id. |
chapitre quatre A |
|
2’47 |
Pieds de femmes avec chaînes (bijoux) aux chevilles qui lavent (on aperçoit les jets d’eau) un tapis oriental, Sayat Nova/Couleur de la grenade (Paradjanov, 1968) |
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3’07 |
Noir |
Id. |
le contrôle de l’univers [superposés] |
|
3’13 |
Une main de femme caresse le sexe d’un homme, puis fellation |
Id. |
||
3’33 |
Noir |
Id. |
histoire du (s) cinéma [superposés, s’efface progressivement] |
|
3’49 |
JLG de dos avec la caméra devant une baie vitrée, de l’autre côté : une femme à la robe rouge (vent), For Ever Mozart (JLG, 1996) / noir |
retour musique id. premier mouvement (roulement et mélodie tragique) [bsf For Ever Mozart :] « John… Ford. – Dominique ! – Exactement. – Dominique ! Dominique ! Annonce ! 2 minutes oui, il y a plus encore depuis que je suis au chômage en ces heures là et vide, il me monte du fond de l’âme la pensée… tristesse » |
||
4’44 |
Femme poitrine nue / qui met une main, puis l’autre sous le menton, Corridor (Sarunas Bartas, 1994) |
[Une voix d’homme lit un texte de Denis de Rougemont, Penser avec les mains, 1936 :] « l’esprit n’est vrai que lorsqu’il manifeste sa présence et dans le mot manifester il y a main l’amour est le comble de l’esprit et l’amour prochain est un acte |
Musique autre mouvement ? plus saccadé |
|
4’56 |
une main tendue puis, les deux mains qui se rejoignent (même composition que dans La Création du monde de Michelange), Nouvelle Vague, JLG, 1990) / noir |
c’est-à-dire une main tendue non pas un sentiment drapé un idéal qui passe sur le chemin de Jéricho devant l’homme dépouillé par les brigands |
Id. |
|
5’00 |
Militaires progressant au combat dans une rue et iris à droite : femme caressant le visage de l’homme avec une main douce, ensanglantée (au ralenti), Duel au soleil (King Vidor, 1948) / noir |
police, propagande, état voilà la main voilà le nom du dieu tyran que l’orgueilleuse raison des hommes a su créer à son image |
Id. |
|
5’20 |
Rita Hayworth allongée sur le sol regarde des hommes passer, tourne la tête vers eux (se cache ?), La Dame de Shanghai (Welles, 1948) / noir |
quand la parole se détruit quand elle n’est plus le don que j’ai fait à l’autre et qui engage quelque chose de son être c’est l’humaine amitié qui se détruit |
silence puis mélodie plus lente, id. |
|
5’31 |
Comme des corps flous sur des rails de train, Le Tombeau d’Alexandre (Chris Marker, 1993) clignotement et surimpression avec l’église saint Ludwig peinte par Kandinsky, Ludwigskirche, Munich, 1908 / noir |
telle est l’inquiétude des peuples elle n’est pas matérielle d’abord elle est d’abord cette inquiétude du cœur et de l’esprit qui naît de la mort des amitiés |
Id. |
|
5’46 |
Une vague d’eau se déverse sur une foule paniquée, Métropolis (Lang, 1927) / noir |
je ne crois pas aux voix mystérieuses mais je crois à l’appel des faits considérons les temps les lieux où nous vivons la situation précise qui nous est faite et l’appel qui en résulte et après cela jugeons |
Id. |
|
5’59 |
Plan d’embouteillage de voitures, image floue et couleurs vives, Nouvelle Vague (JLG) / noir |
l’Europe d’aujourd’hui dans cette Europe deux espèces de nations celles qu’ont dit vieillies et celles qu’ont dit rajeunies celles qui ont gardé un certain nombre de possibilités mais qui ne savent trop que faire de cette liberté dont elles se vantent et celles qui ont fait ou subi depuis les guerres une révolution de masse |
Id. (mélodie très lointaine) |
|
6’19 |
La petite fille au ralenti attaquée par les oiseaux, Les Oiseaux (Hitchcock, 1963) / noir |
et qui ont la liberté d’opinion, c’est-à-dire la liberté de se plaindre mais sans passion profonde et où la misère est à la porte mais on dirait qu’il n’y a plus rien à faire qu’à l’attendre |
Id. (à peine perceprible) |
|
6’33 |
Foule au ralenti (archives ?) fondu enchaîné Couteau qui sort d’une poche au ralenti, M le maudit (Lang, 1931 ; avant que M n’épluche une orange) / noir |
la misère dernier argument dernier fondement de la communauté moderne elle est la toile de fond de tous nos drames de nos pensées, de nos actions et même de nos utopies étant bien clairement entendu que l’essentiel n’est pas ce qu’un dictateur pense n’est pas l’urgence matérielle mais une vérité plus haute qui est la vérité à hauteur d’homme et j’ajouterai à portée de main il est grand temps que la pensée redevienne ce qu’elle est en réalité |
Id. et mélodie plus intense sur noir |
|
7’03 |
L’homme lisant devant la mer, King Lear (JLG, 1987) clignotement avec plans noirs et clignotement avec mains au ralenti dans Nouvelle Vague (JLG, 1990) / noir |
dangereuse pour le penseur et transformatrice du réel là où je crée je suis vrai écrivait Rilke les uns pensent, dit-on les autres agissent mais la vraie condition de l’homme c’est de penser avec ses mains je ne dirai pas de mal de nos outils mais je les voudrais utilisables s’il est vrai, en général que le danger n’est pas dans nos outils |
Id. |
|
7’45 |
Un homme fuyant au ralenti avec un bébé dans les bras (archives ?) et sur gros plan de femme, Hiroshima mon amour (Resnais, 1959) / noir |
mais bien dans la faiblesse de nos mains il n’est pas moins urgent de préciser qu’une pensée qui s’abandonne au rythme de ses mécaniques proprement se prolétarise et qu’une telle pensée ne vit plus de sa création |
Id. |
|
7’50 |
Femme allant du premier plan au second plan traversant une série de portes dans un appartement aux murs bleus, Allemagne 90 année zéro (JLG, 1991) / noir |
les autres forment l’homme je le récite qui sont ces autres nous le savons maintenant ce sont ces lois nées de l’abandon de la pensée |
Id. |
|
8’08 |
Welles (O’Hara) qui va du second plan vers le premier plan dans un espace démesurément grand avec les ombres gigantesques, La Dame de Shanghai (Welles, 1948) / noir |
où sont les responsables ce ne sont pas des partis ce ne sont pas des classes ni des gouvernements ce sont des hommes un à un oui, je suis de ceux-là jusque dans la colère déchiré par l’insurmontable ironie |
Id. |
|
8’24 |
Ingrid Bergman dans les flammes au ralenti, Jeanne au bûcher (Rossellini, 1954) / noir |
et sinon, je ne crierais pas mais le silence n’est pas donné à l’homme par son effort le silence et l’intelligence pitoyable sont l’œuvre seule du pardon |
Id. |
|
8’40 |
De grandes herbes dans un parc, Nouvelle Vague (JLG, 1990) / noir |
c’est votre affaire et non la mienne de régner sur l’absence dit un poète |
||
8’49 |
Une femme accroupie, la bouche entre les fesses en mouvement d’un homme en train de pénétrer une autre femme puis de l’embrasser, en alternance avec un monstre riant, la main sur la bouche, dans Freaks (Browning, 1932) |
la violence véritable est le fait de l’esprit tout acte créateur contient une menace réelle pour l’homme qui l’ose c’est par là qu’une œuvre touche le spectateur ou le lecteur |
silence ? |
|
9’02 |
Cadavre d’une femme morte dans les camps porté par les bras et les jambes au ralenti / noir / |
si la pensée se refuse à peser, à violenter elle s’expose à subir sans fruit toutes les brutalités que son absence a libérées |
musique id. |
|
9’15 |
Henry Fonda en cellule, tourne en rond, s’arrête et regarde ses mains, Le Faux coupable (Hitchcock, 1957) / noir |
on serait parfois tenté de souhaiter qu’en France l’activité de l’esprit redevienne passible de prison cela rendrait un peu de sérieux aux esprits libres le lieu de toute création qui crée c’est la personne d’où il suit que toute l’agitation du monde n’est rien de plus qu’une certaine question qui m’est adressée et qui ne se précise en moi |
||
9’36 |
Surimpression : bal avec Angelica/C. Cardinale en robe blanche au premier plan, Le Guépard (Visconti, 1963) avec un homme ouvrant une porte à une femme, La Honte (Bergman, 1967) / noir |
qu’à l’instant où elle m’oblige à l’acte les partisans du nous ont fait erreur sur la personne |
Id. |
|
9’48 |
Clignotement : le défilement de la pellicule dans L’Homme à la caméra (Vertov, 1929) avec le comte portant Maria qu’il vient d’assassiner, La Comtesse aux pieds nus (Mankiewicz, 1954) / noir |
les contradictions du monde figurent dans l’équation fondamentale de toute existence x est une personne, un élément créateur une liberté incalculable |
Id. |
|
10’00 |
Surimpression : la neige tombe sur la surface d’un plan d’eau la nuit avec une main (dessinée ?) |
l’homme en tant qu’homme est bien un créateur mais un créateur créé c’est en espérance que nous sommes sauvés mais cette espérance est vraie car le temps détruit l’acte |
||
10’19 |
Une maison près d’un plan d’eau (il neige) dans Trois jours de Sarunas Bartas (1991) |
mais l’acte est juge du temps » |
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10’22 |
Noir / L’homme qui court accéléré de La Terre (Dovjenko, 1930) / noir |
musique plus vive (course) id. ? |
[Texte de Fernand Braudel :] une histoire avance [sur noir et plan] / avance vers nous [sur noir 2] / nous à pas précipités [sur noir 2] |
|
10’32 |
Le très beau raccord de La Prisonnière du désert (Ford, 1956) entrecoupé de noirs / noir / un tableau expressionniste ? / |
[à la fin du plan, quand John Wayne la tient dans ses bras, une voix de femme :] [Une [voix de femme lit le texte, de Faure ?:] « cependant que l’acrobate est en proie à l’équilibre le plus instable nous faisons un vœu |
Id. |
une autre histoire / histoire nous accompagne / à pas lents [Le texte de Braudel dans Le Monde actuel, 1963 est le suivant : « Ainsi un passé proche et un passé plus ou moins lointain se mêlent dans la multiplité du temps présent : alors qu’une histoire proche court vers nous à pas précipités, une histoire lointaine nous accompagne à pas lents. »] |
10’58 |
et ce vœu est étrangement double |
l’artiste |
||
11’00 |
Photographie de Bresson / noir Photographie de Lang / noir Photographie de Cocteau / noir Photographie de Rohmer / noir Photographie de Truffaut / noir Photographie de Rivette / noir Photographie de Visconti / noir Photographie de Garrel / noir |
et nul nous souhaitons qu’il tombe et nous souhaitons qu’il tienne et ce vœu est nécessaire nous ne pouvons pas ne pas le former en toute contradiction et sincérité c’est qu’il peint naïvement notre âme dans l’instant même elle sent que l’homme tombera doit tomber va tomber et en soi elle consomme sa chute et se défend de son émotion en désirant ce qu’elle prévoit il est déjà tombé elle ne croit pas ses yeux son regard ne le suivrait pas sur la corde ne le pousserait plus en bas |
musique id. Hitchcock parle (les sons se superposent à ceux du texte dit) : « any art form is there for the artist to interpret it in his own way and thus create an emotion literature can do it by the way that the language is used or the words are put together sometimes you find that a film is looked at solely for its content without any recourse for the style or manner in which the story is told and after all this basically |
l’artiste [s’inscrit sur chaque noir] |
11’51 |
Photographie de Fassbinder / noir |
s’il n’était déjà tombé » [superposition, JLG :] d’abord des images |
l’artiste |
|
11’59 |
Mains dirigées vers le même point, La Madone au rosaire (Le Caravage, 1606-1607 ; est-ce la surimpression qui fait paraître ensanglantées des mains qui ne le sont pas dans le tableau ?) clignotement avec une vieille femme entourées de mains de femmes qui tentent de la toucher, L’Oiseau libéré (Evgueni Bauer, 1915) Photographie de Hitchcock en surimpression clignotement et iris avec les mains du tableau du Caravage / Hitchcock seul /noir |
mais celles dont parlent saint Paul et qui sont une mort donc une résurrection [suite de l’«acrobate » ] mais elle voit qu’il tient encore et elle doit donc consentir qu’il y a des raisons qui font qu’il tienne et invoque ces raisons les suppliant de durer » [ JLG :] on a oublié pourquoi Joan Fontaine se penche au bord de la falaise [voix de femme sons superposée:] « parfois, l’existence de toutes choses et de nous-mêmes nous apparaît sous cette espèce ». |
[en surimpression Hitchcock suite :] « is the art of cinema start with scene one in cinema terms |
l’artiste [sur le plan de Hitchcock] / intro duction à [sur le noir]/ |
12’ 24 |
Le rétroviseur de Psycho et une voiture qui suit (Hitchcock, 1940) / noir |
[Suite JLG :] et qu’est-ce que Joel McCrea s’en allait faire en Hollande |
mélodie aigue et lancinante / répétitive comme une ritournelle |
la méthode d’ [sur noir] |
12’27 |
La main tendue vers le premier plan de Grace Kelly qu’on étrangle, Le Crime était presque parfait (Hitchcock, 1954) / noir |
on a oublié àpropos de quoi Montgomery Clift garde un silence éternel |
Id. |
Afred Hitch cock [sur plan et sur noir] |
12’32 |
Incendie du camion sur la route de La Mort aux trousses (Hitchcock, 1959) / noir |
et pourquoi Janet Leigh s’arrête au Bates motel |
suite |
|
12’34 |
Le moulin de Correspondant 17 (Hitchcock, 1940) / noir |
et pourquoi Teresa Wright est encore amoureuse d’oncle Charlie |
suite |
|
12’40 |
Le verre de lait de Soupçons (Hitchcock, 1941) / noir |
on a oublié de quoi Henri Fonda n’est pas entièrement coupable |
suite |
|
12’44 |
La clé glissée dans la grille d’une bouche d’égout dans Pas de printemps pour Marnie (Hitchcock, 1964) / noir / |
et pourquoi exactement le gouvernement américain |
suite |
|
12’49 |
Les groupes de doubles croches de la partition de L’Homme qui en savait trop (Hitchcock, 1956) / noir |
a engagé Ingrid Bergman |
suite |
|
13’04 |
La bouteille de Pommard et le raccord sur Cary Grant et le visage d’Ingrid Bergman au ralenti dans Les Enchaînés (Hitchcock, 1946) / noir |
mais on se souvient d’un sac à main mais on se souvient d’un autocar dans le désert mais on se souvient d’un verre de lait des ailes d’un moulin d’une brosse à cheveux |
suite |
|
13’17 |
La paire de lunettes qui tombe et le reflet de l’homme dans L’Inconnu du Nord-Express (Hitchcock, 1951) / noir |
mais on se souvient d’une rangée de bouteilles |
suite |
|
13’20 |
Les cheveux noirs de Marnie dans le lavabo dans Pas de printemps pour Marnie (Hitchcock, 1964) / |
d’une paire de lunettes |
suite |
|
13’23 |
Le chignon blond dans Vertigo (Sueurs froides, Hitchcock, 1958) / noir |
d’une partition de musique d’un trousseau de clés |
suite |
|
13’27 |
La main qui passe au travers d’une grille pour le briquet de L’Inconnu du Nord-Express / noir |
parce que à travers eux et avec eux |
suite |
|
13’32 |
Iris, Marnie brune, de dos sur le quai de la gare, début de Pas de printemps pour Marnie / noir |
Alfred Hitchcock réussit là où échouèrent Alexandre, Jules César, Hitler, Napoléon |
suite |
|
13’36 |
Bras tendu avec la brosse à cheveux dans The Wrong man (Hitchcock, 1957) / noir |
suite |
||
13’39 |
Marion dans la voiture après le vol / noir / douche, Norman, plans du couteau et du ventre au ralenti dans Psychose (Hitchcock, 1960) |
prendre le contrôle de l’univers prendre le contrôle de l’univers |
suite |
|
13’55 |
La falaise, les vagues, Joan Fontaine regardant la mer au haut et au bord de la falaise, et encore les vagues dans Soupçons (Hitchcock, 1941) / noir |
silence |
||
14’2 |
Madeleine dans l’eau au ralenti dans Vertigo / noir |
|||
14’13 |
Jambes des voyageurs dans une gare et plans de rails de train et de l’ombre du train dans L’Inconnu du Nord-Express |
peut-être que dix mille personnes n’ont pas oublié la pomme de Cézanne mais c’est un milliard de spectateurs qui se souviendront du briquet de L’Inconnu du Nord Express |
||
14’21 |
Jeux de mains et de clé qu’on laisse tomber sur un tapis, fondu enchaîné sur les bijoux dans Les Enchaînés, Hitchcock, 1946) / noir / feu d’artifices / noir / |
et si Alfred Hitchcock a été le seul poète maudit à rencontrer le succès c’est parce qu’il a été le plus grand créateur de formes du vingtième siècle et que ce sont les formes qui nous disent finalement |
[Hitchcock parle : ] « we have a rectangular screen in a movie house and this rectangular screen has got to be filled with a succession of images |
|
14’33 |
Baiser de Cary Grant et Grace Kelly / feu d’artifice dans La Main au collet (Hitchcock, 1955) |
ce qu’il y a au fond des choses or, qu’est-ce que l’art sinon ce par quoi les formes deviennent style |
that’s where the ideasas come from |
|
14’43 |
Baiser arrêt de l’image puis ralenti très lent, Kim Novak et James Stewart dans Vertigo / |
et qu’est-ce que le style sinon l’homme |
one picture comes up after another the public aren’t aware of what we call montage or in other words the cutting of one image to another they go by so rapidely so that they are heu |
|
15’02 |
Noir / clignotement rapide Madeleine dans le bois à la fin de Vertigo et Hitchcock / noir / même clignotement / noir |
alors c’est une blonde sans soutien-gorge filée par un détective qui a peur du vide qui apporteront la preuve que tout cela c’est du cinéma |
… absorbed by the content that they look at on the screen / mélodie violon id. |
le seul avec Dreyer qui a [sur noir 1] filmé [sur noir 2] un miracle [sur noir 3] |
15’33 |
Surimpression et clignotement : les visages de Henry Fonda, du coupable et de Hitchcock La Loi du silence (Hitchcock, 1953) / noir (très long) |
autrement dit l’enfance de l’art |
id. |
l’arti [sur noir] |
16’00 |
Noir |
[Alain Cuny dit un texte (modifié) d’élie Faure, sur Rembrandt à l’origine, tiré d’Histoire de l’art, « l’art moderne », I, 1921 :] A ses débuts il ne sentait que peu de choses et il croyait tout savoir plus tard, |
silence puis musique id. Kancheli |
abii ne viderem [« Je me |
16’11 |
La jeune aveugle dans un mouvement figé, Miracle en Alabama (Arthur Penn, 1962) / noir |
habité seulement par le doute, la douleur |
Id. |
|
16’19 |
Femme avec enfant, Le Révélateur (Garrel, 1968) / noir |
l’effroi devant le mystère de la vie cela se mit à flotter et maintenant qu’il sentait tout il croyait ne rien savoir |
Id. |
|
16’29 |
Boris Karloff, le monstre avec un enfant, Le Fils de Frankenstein (V. Lee Rowland, 1939) |
et pourtant |
Id. |
|
16’36 |
Fantômas, affiche (Feuillade, 1913) / noir |
de l’insouciance à l’inquiétude |
Id. |
|
16’43 |
Encore des mains, un tableau de l’école de Fontainebleau, 1588, une main sous un sein, une autre main joignant l’index au pouce / noir / femme comme affamée en noir et blanc la tête plongée dans une sorte de gamelle |
de l’enregistrement amoureux des débuts à la forme hésitante mais essentielle de la fin c’est la même force centrale qui a gouverné le cinéma |
Id. |
|
16’59 |
Nosferatu le vampire (Murnau, 1922) / noir |
on la suit par dedans de forme en forme avec l’ombre et le rayon qui rôdent |
Id. |
|
17’11 |
Un plan, un visage illuminé, du Pré de Béjine (Eisenstein, 1935-37) / noir / Maria et un homme dans Metropolis (Lang 1927) / noir |
illuminant ceci, cachant cela faisant surgir une épaule, un visage un doigt levé, |
Id. |
|
17’18 |
Surimpression : une jeune fille dans un train, For Ever Mozart (JLG, 1996) et dans la vitre la lune de La Femme sur la Lune (Lang, 1929) / noir (long) |
une fenêtre ouverte un front, un petit enfant dans une crèche ce qui plonge dans la lumière est le retentissement de ce que submerge la nuit |
Id. |
histoire du (s) cinéma [lettres effacées ; au-dessus :] / les actes / les heures / les acteurs / de l’histoire / |
17’41 |
Alain Cuny lit, son visage est dans l’obscurité |
ce que submerge la nuit prolonge dans l’invisible ce qui plonge dans la lumière la pensée, le regard, la parole, l’action relient ce front, cet œil, cette bouche, cette main aux volumes à peine aperçus dans l’ombre des têtes et des corps inclinés autour d’une naissance d’une agonie ou d’une mort |
musique id. |
|
18’21 |
Masha pendue par les Nazis (cf. 1a, 46’41), fondu enchaîné, une échelle blanche à gauche sur un fond obscur noir |
silence puis musique id. |
||
18’34 |
Macbeth (Welles, 1948), apparitions à contre-jour dans la brume la nuit / noir |
même et peut-être surtout quand il n’a pour instrument de travail que le noir et le blanc |
Id. |
|
18’41 |
Plan de l’écrivain la plume à la main, composant « Le Corbeau » pendant que sa femme (au pied de la table de travail) se meurt, Edgar Allan Poe (Griffith, 1909) / noir / photo de nuit d’un manifestant jetant un projectile / noir |
même alors il manie le monde comme un drame constant que le jour et l’obscurité modèlent creusent, |
Id. |
|
18’52 |
Hamlet, les bras grand ouverts comme prêt à s’envoler, Hamlet (Laurence Oliver, 1948) |
convulsent, calment et font naître et mourir |
Id. |
|
18’58 |
Homme / Jésus, Les Feiillets arrachées au livre de Satan (Dreyer, 1919) / noir |
au gré de sa passion de sa tristesse de l’envie désespérée d’éternité et d’absolu |
Id. |
cinéma histoire (s) |
19’07 |
Phares d’auto la nuit à l’entrée d’un parc dans For Ever Mozart (JLG, 1996) / noir / femme avec un passeport (morte ?) dans la neige, For Ever Mozart / noir |
qui bouleversent son cœur un phare d’auto un visage endormi des ténèbres qui s’animent des être penchés sur un berceau |
Id. |
|
19’28 |
Une femme à terre, Nouvelle Babylone (Kozintsev et Trauberg, 1929) en alternance volets clignotement avec un tableau où des hommes semblent tomber / noir |
où toute lumière tombe un fusillé contre un mur sale |
Id. |
|
19’33 |
L’Etudiant de Prague (Galeen, 1926) / noir |
un chemin boueux longeant la mer |
Id. |
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19’40 |
Paysage de jour, paisible, JLG/JLG (JLG, 1995) en alternance avec un homme qui semble mort sur son cheval et dans le vent (Nan of the Music Mountain, G. H. Melford, 1917) / noir |
un coin de rue un ciel obscur un rayon sur une prairie l’empire du vent découvert dans un nuage qui vole il n’y que des traits noirs |
Id. |
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19’58 |
Photographie de Marilyne Monroe, iris et clignotement avec les corbeaux qui s’envolent, Les Oiseaux (Hitchcock) / noir |
croisés sur une toile blonde et la tragédie de l’espace et la tragédie de la vie tordent l’écran dans le feu |
Id. |
toutes les histoires (s) / une histoire seule [sur noir] |
20’18 |
Photographie de Welles avec caméra en alternance et iris avec femme sur une grue avec unecaméra, One + One (JLG, 1968) |
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20’25 |
Noir / Cuny lisant |
le cinéma seul a vu que si chacun est à sa tâche les masses s’organisent seules suivant un irréprochable équilibre que la lumière tombe où il faut |
Id. |
seul le cinéma [sur noir] |
20’40 |
Fondu enchaîné, une petite fille souriante approche d’une porte au ralenti, La Strada, (Fellini, 1954) / noir |
et néglige ce qu’il faut parce qu’il est utile qu’elle éclaire un point de la scène et que l’ombre peut régner ailleurs |
Id. |
fa tale beauté [sur noir] |
20’52 |
Photographie d’Eisenstein en surimpression avec un plan des jambes d’une femme allongée sur le ventre dans For Ever Mozart / noir |
il est seul à avoir toujours été présent dans tout ce qu’il regardait le seul qui ait pu se permettre de mêler de la boue à la lueur des yeux d’introduire du feu dans la cendre de faire briller dans un linceul une rose ou un bleu pâle aussi frais qu’une rose |
Id. |
fa tale beauté [sur Eisenstein]/ la monnaie / de l’absolu [sur noir] |
21’23 |
Femme mourante du Cuirassé Potemkine, (Eisenstein, 1925) en alternance et iris avec scène de danse sur la place rouge ? avec femme à robe blanche au premier plan (Couple à cheval (Kandinsky, 1906-1907) et alternance avec plans / noir / |
[sur le dernier plan noir :] son humanité est réellement |
Id. |
La réponse [sur noir ] / des ténèbres |
21’47 |
Iris : une femme à genoux qui semble implorer un homme armé en lui tenant la main / noir / archives : hommes et femmes sur les tanks, et de Gaulle la cigarette à la bouche / noir / fusil sortant d’un camion (filmé de l’intérieur) / noir / Une arme dépasse d’une fenêtre d’une voiture d’où on aperçoit la route enneigée et des militaires, Le Temps détruit (Pierre Beuchot, 1985) |
formidable elle est fatale comme la plainte dévastatrice comme l’amour dramatique comme l’échange indifférent et continu entre tout ce qui naît et tout ce qui meurt |
une vague nouvelle |
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22’10 |
L’homme torturé, Rome, ville ouverte (Rossellini, 1945) en alternance avec les jets d’eau de la répression des forces de l’ordre dans La Grève (Eisenstein, 1924) / noir |
en suivant notre marche à la mort aux traces de sang qui la marquent le cinéma ne pleure pas il ne pleure pas sur nous il ne nous réconforte pas puisqu’il est avec nous puisqu’il est nous-mêmes il est là quand le berceau s’éclaire il est là quand la jeune fille nous apparaît penchée à la fenêtre avec ses yeux` |
Id. |
le contrôle de l’univers [superposés ; sur noir] |
22’40 |
Femme, avec un sein découvert, dont on ne voit que la partie inférieure du visage, Le Péché (Franz von Stuck, 1893 ; le serpent n’est guère visible dans ce détail du tableau) et fondu enchaîné avec un autre tableau, une autre femme, même structure |
qui ne savent pas et une perle entre les seins il est là quand nous l’avons déshabillée quand son torse dur tremble |
Id. |
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22’50 |
La jeune femme au ralenti des Amants de la nuit (N. Ray, 1949) / noir |
au battement de notre fièvre il est là quand la femme nous ouvre les genoux avec la même émotion maternelle |
Id. |
les signes parmi nous [superposés ; sur noir] |
23’06 |
Femme désespérée dans La Ligne générale (Eisenstein, 1929) en surimpression avec deux mains qui semblent prendre délicatement son visage / noir / autre femme plus vieille, qui semble essuyer des larmes sur son visage |
qu’elle a pour ouvrir ses bras à l’enfant il est là quand le fruit tombe d’elle une, deux, trois ô combien de fois dans sa vie il est là après quand elle est vieillie [plan de la vielle femme] que son visage est crevassé et que ses mains desséchées nous disent qu’elle n’en veut pas à la vie de lui avoir fait du mal |
Id. |
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23’44 |
Un plan de femme dans Le Livre de Marie (Anne-Marie Miéville, 1984) / noir |
il est encore la quand nous sommes vieux |
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23’45 |
Fondu enchaîné de Ivan le terrible (Eisenstein, 1944-46) et d’une Vierge à l’enfant sculptée au Ve siècle, / noir |
que nous regardons fixement du côté de la nuit qui vient il est là quand nous sommes morts et que notre cadavre tend le suaire aux bras de nos enfants [fin du texte modifié d’élie Faure] |
Id. [après Cuny, texte de L’Année dernière à Marienbad, Resnais, 1961 :] « Elle : il nous faut encore attendre quelques minutes encore plus que quelques minutes quelques secondes Lui : quelques secondes encore |
cinéma histoire (s) |
24’18 |
Fresques des grottes de Lascaux en alternance et iris avec le visage du San Giuliano de Piero della Francesca (1455-60) / noir / un homme qui gît à terre dans Octobre à Paris (Panigel, 1961) en surimpression avec même tableau de Piero della Francesca |
Musique, id. [homme :] comme si vous hésitiez vous-même encore avant de vous séparer de lui de vous-même comme si sa silhouette déjà grise risquait encore de reparaître à cette même place où vous l’avez imaginée avec trop de force tant de crainte ou d’espoir dans votre crainte de perdre tout à coup ces liens fidèles avec eux Elle : non cet espoir cet espoir est maintenant sans objet cette crainte est passée de perdre un tel lien une telle prison un tel mensonge toute cette histoire est maintenant déjà passée elle s’achève quelques secondes encore elle achève de se figer |
[sur noir 1] cinéma histoire (s) [s’efface progressivement jusqu’à :] ne a [l’accent aigu se déplace] toi né toi |
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25’00 |
Noir / Un homme et une femme dansant au ralenti dans Abcshied/Adieu (Siodmak, 1930) en surimpression : le saint Julien de Piero della Francesca / noir / |
[Lui :] pour toujours dans un passé de marbre comme ces statues ce jardin taillé dans la pierre cet hôtel lui-même avec ses salles désormais désertes ses personnages immobiles, muets morts depuis longtemps sans doute qui montent encore la garde à l’angle des couloirs à travers lesquels je m’avançais à votre rencontre entre deux haies de visages immobiles figés, attentifs, indifférents depuis toujours vers vous qui hésitez encore peut-être regardant toujours le seuil de ce jardin » |
[sur noir ] [en mouvement dans le cadre :] né toi [sur noir de la fin] né |
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Noir |
sonnerie [voix de femme dans For Ever Mozart :] « voilà maintenant je suis à vous… » |
né |
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25’44 |
Feu d’artifice, Le Merle (Norman McLaren, 1958) |
The Sea, K. Bjornstad, 1955 |
production gaumont CNC fémis périphéria [vert] |
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25’52 |
Femme à robe rouge courant et tombant (image saccadée) sur la plage, For Ever Mozart (JLG, 1996) / noir |
[Citation libre de Pessoa, Le Livre de l’intranquilllité :] « dans le “ je pense donc je suis” le je du “je suis” |
Id. [Femme, id. :]` « depuis que je suis, que je suis » |
à suivre / que je suivre / [es lettres s’effacent, reste : ] que je suis |
26’07 |
Drapeaux rouges en plongée, Le fond de l’air est rouge (Chris Marker, 1977) et deux plans d’hommes (l’un portant un béret pris dans les flammes et un autre, barbu (photographie de Samuel Fuller ?) puis, alternance très rapide entre les deux plans et un hélicoptère et le chien sur lequel on tire et qu’on filme d’en haut, Le fond de l’air est rouge (Chris Marker, 1977) / noir / |
n’est plus le même que le je du “ je pense” pourquoi parce qu’il reste à démontrer qu’il y a un rapport entre le corps et l’esprit entre pensée et existence le sentiment que j’ai de l’existence n’est pas encore un moi c’est un sentiment irréfléchi il naît en moi mais sans moi |
[Id.et un homme parle, bsf Chris Marker ] « ils l’ont enterrée sans cercueil, mais ils l’ont enterrée sans l’achever, … personne n’a jugé bon de l’achever, des coups de pied, des coups de poing… Je peux quand même le dire, un des bourreaux… » |
oublié / inconnu / maudit / que je suis / oublié / inconnu/ maudit/ film maudit/ film impossible [sur plan] / à suivre [bleu sur noir] |
26’32 |
The Sea (Ketil Bjornstad, 1995) |